Les appétits économiques voient dans la Santé un marché prometteur. Pour cela il faut dépecer le service public et transférer au privé les tâches précédemment dévolues à l'hôpital public.

Mais dans un département rural et montagnard comme l'Ardèche, la "sécurité" des technocrates n'est pas la sécurité des patients. Faire 1h30 d'ambulance pour descendre à Montélimar présente plus de risques qu'une hospitalisation dans le "petit" hôpital d'Aubenas. Même problème à Privas ou Saint-Agrève...

Les décideurs, préfet, député, mairesse, ARH, tentent toutes les diversions pour cacher la réalité : la mort de l'hôpital d'Aubenas est dans les tuyaux adminisitratifs, ce n'est qu'une question de mois...

Les usagers résistent : manifestations, pétition de 17 000 signatures, pression sur les élus... "Nous voulons garder l'hôpital". C'est toute l'Ardèche méridionale, toutes tendances politiques confondues qui se révolte contre l'autoritarisme. Reçus au "Ministère de la santé et des solidarités", ils se heurtent au mépris de la technocratie parisienne : de quoi se mêlent ces "ploucs" ?, nous savons mieux qu'eux, ce qui est bon pour eux...

Qui ne connaît des luttes semblables dans nos zones rurales (Ruffec, Confolens...) ?

Chaque fois, cette "privatisation rampante", menée depuis longtemps (1983 ?) s'appuie sur une centralisation administrative qui pèse de tout son poids pour l'imposer.

On ne sauvera pas les services publics si les deux éléments ne sont pas pris en compte. Les défenseurs des services publics, animés d'idées généreuse (certains se réfèrent au programme de la Résistance...) croient sincèrement (naïvement ?) à l'égalitarisme de l'état.

En fait, l'inégalité au coeur de la centralisation, ils la vivent tous les jours (fermeture du petit hôpital, pour aller vers le plus gros... Ruffec =>Angoulême, puis Angoulême=>Poitiers, puis Poitiers=>Paris ???) et ils ne la voient plus.

Ce n'est qu'en créant un véritable pouvoir de décision de proximité, doté de ses propres ressources (impôts prélevés par la région et non plus par l'état) que l'on pourra conserver des services publics de proximité. Cette régionalisation existe dans de nombreux pays d'Europe (Débat du 9 février, à Ruffec, l'exemple catalan donné par le maire de St Affrique...).

Les tenants du jacobinisme (vibrant plaidoyer de M. Jérôme Lambert, PS sortant : "je ne suis pas un fou de décentralisation" !) peuvent caricaturer un état régionalisé, c'est pourtant la seule solution.

L'inégalité, c'est aujourd'hui que nous la vivons. Etre citoyen en zone rurale, c'est avoir moins de services publics : poste qui s'éloigne, école qui ferme, hôpital de plus en plus lointain.

L'état centralisé n'assure plus son rôle : il faut changer d'échelle. Remettre la décision à portée du citoyen. La région (dotée de vraies ressources) est l'échelon le mieux adapté.

Je propose donc la suppression de l'ARH et la gestion des hôpitaux par la région. Cela ne s'oppose pas à une politique "hexagonale" de santé décidée par le Parlement élu.

C'est le gage d'une vraie démocratisation de la Santé, gérée au plus près des réalités et des besoins du terrain.